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Muriel Panighi

Réponses par Philippe Collas à une question toute personnelle sur la bienveillance...

  1. La bienveillance, mot à la mode. par Philippe Collas | 27 Jan 2016 | Coopphile, Côté coaching | 8 commentaires

  2. La bienveillance est un mot à la mode. Tapez le mot sur Google et vous obtiendrez plus d’un million d’entrées (1 070 000 précisément). Pour paraphraser Molière, tous les mots à la mode peuvent être viciés[1]. L’usage immodéré des mots à la mode finit par les vider de sens, ils résonnent au lieu de nous aider à raisonner. Il me semble que bienveillance en fait partie, tout comme sidération, nouveau mot en vogue dans le politique par exemple.Utile retour vers la définition.


Le dictionnaire définit la bienveillance comme « la capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui d’une manière désintéressée et compréhensive ». Cette courte définition introduit plusieurs concepts qui peuvent expliquer son usage immodéré : C’est une capacité, le Littré dit une « disposition favorable de la volonté », La nécessité d’une relation, on est bienveillant envers l’autre, La bienveillance est liée à la compréhension de l’autre, Elle est multiforme, on parle d’indulgence, de gentillesse et d’attention, de qualités positives, Elle implique le désintéressement, d’ailleurs le terme original « benevolens » a donné « bénévole ».Une étymologie aidante et trompeuse. Les évolutions passées d’un mot aident souvent à comprendre son sens actuel. Qu’en est-il de notre bienveillance ? Le sanskrit parle de « maîtri » c’est-à-dire d’amitié, impliquant une relation désintéressée. Dans l’hindouisme on parle d’Ahimsa, c’est-à-dire la non-violence, le respect de la vie, plus précisément « l’action ou le fait de ne causer de nuisance à nulle vie. ».  Dans l’hindouisme l’image symbolique reste la vache et la lionne buvant côte à côté dans la rivière. Cette image est reprise dans la mythologie romaine avec la louve qui allaite Romus et Rémulus.Et dans la langue française ? Le terme est introduit en 1175 sous le vocable « bienvoillance » pour devenir au XIVème siècle « bienvaillance ». C’est en 1680 que la graphie actuelle bienveillance apparait encore qu’on l’écrive aussi « bienveuillance ». C’est-à-dire vouloir le bien pour quelqu’un. Jusqu’au XXème siècle il y a un sous-entendu de condescendance on est bienveillant de supérieur vers un inférieur. Et donc le terme peut dériver vers la compassion, la complaisance envers autrui. Au final, la bienveillance c’est vouloir le bien. Il y a donc une notion claire de volonté, d’intention favorable envers une personne. On veut le bien et non le mal (d’où l’antonyme malveillance). S’y ajoute aussi un sous-entendu de protection (on pourrait donc vouloir le bien contre la volonté d’autrui, puisqu’on le protège….pour son bien). Bienveillance à toutes les sauces. On utilise le terme avec une forte fréquence dans le milieu du développement personnel et de l’accompagnement. Certes ces activités supposent de chercher le bien. Toutefois le terme est peu défini et souvent équivalent d’accueil inconditionnel de l’autre et de ses propos ou actions (je résume et donc je réduis mais c’est l’acceptation la plus répandue). On observe aussi que c’est souvent une injonction, il faut faire les choses avec bienveillance. Dans le monde des soins, la bienveillance est synonyme de bien-traitance, confondant ainsi comportement (bien traiter) et capacité (bienveillance). Il y a même des chartes de bienveillance.En philosophie, on accepte souvent le terme comme une valeur qui s’oppose à la malveillance. Confucius écrit « la bienveillance est sur le chemin du devoir ». La littérature aussi approche la bienveillance soit comme un comportement soit comme une valeur. Le roman de Jonathan Littell (2006), les Bienveillantes en donne un exemple. Le roman interroge les comportements d’un nazi (Maximilien Aue) et les valeurs sous-tendues par ces actions. Le titre s’inspire d’Eschyle qui dans une pièce évoque les Erinyes furieuses qui maltraitent et agissent en malveillantes pour se transformer en Euménides bienveillantes.Dans le management, il convient de devenir bienveillant. Comme dans les soins infirmiers on oppose le management bienveillant au management par le stress. Plus en profondeur, des auteurs ont décrit le management bienveillant, comme Xavier Cornette de Saint-Cyr (http://hexalto.com/coach/bienveillance/). Selon lui ce type de management implique de mettre son égo en sourdine, d’être empathique, de rechercher la coopération, de faire des compliments bien sentis, de porter un regard positif sur les paroles et les gestes d’autrui, de sourire et d’accorder le droit à l’erreur.Et alors pourquoi la bienveillance ? La clarification était nécessaire. Elle permet de déboucher sur une action plus efficace et lucide. La bienveillance est utile. Dans les relations humaines, il n’est pas inutile de rappeler que vouloir le bien est plus pertinent et éthique que de vouloir le mal, c’est-à-dire de vouloir nuire à autrui. La bienveillance s’inscrit dans une relation égalitaire (pour éviter la condescendance). La bienveillance est utile à la compréhension d’autrui, de ses motivations profondes, de l’interprétation de sa carte du monde. La bienveillance est pertinente dans un cadre désintéressé sous peine de passer pour de la manipulation. Penser les usages de la bienveillance. Dans cette optique de désintéressement,  on peut s’interroger sur le concept de management bienveillant. Le management cherche à atteindre des objectifs et en ce sens n’est pas désintéressé. Comme le dit Xavier Cornette de St-Cyr « pratiquer la bienveillance par l’écoute active et l’empathie », veut dire que c’est une posture utile dans le management mais ce n’est pas le management.Dans le coaching et le développement personnel, la bienveillance gagne à être inscrite dans le cadre strict de l’écoute et de l’empathie. La bienveillance c’est accepter de tout écouter, ce n’est pas tout accepter. Une bienveillance mal cadrée ou élargie va conduire à la compassion ou la complaisance et contrarier le nécessaire travail de recadrage. Tout entendre, ce n’est pas tout accepter. Au final, veillons! Même si l’étymologie nous a montré le contraire, dans bienveillance, il y aussi « veillance » comme dans surveillance. Que veut dire surveillance? Entre autres, « observer avec attention pour comprendre le comportement ». C’est finalement très proche de la définition de la bienveillance mentionnée plut haut, sans la reprendre totalement.Il peut être utile de réfléchir à ce lien avec la surveillance, pour que bienveillance ne rime pas avec complaisance.



[1] Allusion à la tirade de Don Juan « l’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertu ».http://www.bacdefrancais.net/DJ-AVsc2.php


J'aimerai rajouté que nous avons, en tout premier lieu une relation avec nous-même et que la bienveillance y est primordiale !!!

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